Esplanade du Temple - Le rassemblement [partie commune]

Architecte

Des avis avaient été placardés dans la Ville partout pendant la nuit. Beaucoup se demandaient comment c'était possible. En tout cas, une personne seule n'aurait pas pu faire cela... Les badauds se massaient autour de ces affiches pour lire ce qui y était écrit.

"Le Père ne nous a pas oubliés.
Le Père veille encore sur nous.

Vous qui avez la foi,
Vous qui l'avez perdue,
Vous qui ne l'avez peut-être jamais eue,
Venez! Tout vous sera pardonné dans la bonté du Père. Car il a encore une tâche à confier à ses Enfants.

Lorsque le soleil atteindra le Zénith, vous êtes invités à vous rendre sur la place devant le Temple. Car aujourd'hui est un grand jour, aujourd'hui, le peuple de Sanctis va renaître de ses cendres et émerger à nouveau dans toute sa splendeur.

Que la Paix d'Alarin vous accompagne tous et toutes."

Le soleil venait d'atteindre le Zénith et Aël jeta un oeil sur la place, qui était déjà noire de monde. Apparemment, les avis placardés dans la ville avaient fait leur effet, notamment grâce au fait qu'ils soient tous apparus en une seule nuit... Aël avait bien fait de demander de l'aide aux prêtres pour faire cela. C'était encore mieux, car un des prêtres avait comme pouvoir une vitesse inouie... Il avait placardé dix fois plus d'affiches qu'Aël et la demi-douzaine d'autres prêtres réunis. Enfin bon. Le moment approchait, et il fallait qu'Aël soit convaincant. Il fallait qu'Aël leur redonne la foi en Alarin, leur Dieu, leur Père à tous. Il espérait que la Divinité ne l'abandonnerait pas maintenant...

*Père, je t'en prie, apporte-moi ton aide si j'en ai besoin pour les convaincre...*

Aël était à moitié dissimulé dans l'ombre de la coupole qui dominait le Temple. Nul ne s'attendait sans doute à ce qu'il vienne de là... D'ailleurs, la majorité des gens présents regardaient la porte, en discutant avec la ou les personnes à côté d'eux. Ils attendaient tous. Ils étaient tous là par lui, pour lui. C'était grisant, comme impression...

Aël leva les yeux vers le ciel et se dit qu'il avait assez attendu. Ceux qui voulaient venir étaient déjà là, et au pire, certains arriveraient pendant qu'il parlait, ce n'était pas grave... Il sortit de l'ombre et s'avança sur le rebord du toit, sachant que la chute serait mortelle s'il avançait ne serait-ce que d'un demi-centimètre de plus. Cela aussi, cela ferait son effet dans la foule... Les rafales faisaient voler ses cheveux en arrière. En bas, beaucoup devaient se demander comment il faisait pour ne pas perdre l'équilibre... Peu connaissaient son pouvoir.

- Habitants de Sanctis! Enfants d'Alarin!

Ceux qui ne l'avaient pas encore remarqué avaient dû le faire, maintenant... Il ne pouvait que remercier un autre des prêtres qui avait fait en sorte que sa voix soit amplifiée et résonne sur toute la place, sans rien perdre de sa texture, sans hurler dans les oreilles de ceux qui l'écoutaient. Il avait leur attention. Maintenant, il n'avait plus qu'à obtenir leur confiance.

Prestidigitateur

Des affiches furent placardées en l'espace d'une seule nuit sur tous les murs de Sanctis, il y en avait tellement qu'aucune ombre ne put passer à côté du message qui y était inscrit :

« Lorsque le soleil atteindra le Zénith, vous êtes invités à vous rendre sur la place devant le Temple. Car aujourd'hui est un grand jour, aujourd'hui, le peuple de Sanctis va renaître de ses cendres et émerger à nouveau dans toute sa splendeur. »

Ce message suscita de multiples interrogations dans la tête du Chapelier.

* Après des années de silence, le peuple des ombres pouvait-il renaitre à nouveau ?
Etait ce un appel aux armes ?
L'oeuvre d'un allumé se prenant pour le messie ? *

En effet, cela faisait plusieurs années que le peuple des ombres restait sur la défensive, caché derrière les remparts imprenables de Sanctis. Cette position de faiblesse face aux polymorphes devait être la cause de cette envie de renouveau. Cependant, le Chapelier savait pertinemment qu'à de multiples reprises les ombres avaient essayé de s'imposer en territoire ennemi mais toujours en vain.

Bref, la seule façon d'assouvir sa curiosité était de se rendre sur l'esplanade du temple lorsque le soleil attendrait son zénith.

Le Chapelier arbora un long manteau, assez fin, noir, son chapeau rayé et se dirigea vers le temple armé de son ombrelle plumée. Il n'était d'ailleurs pas seul à s'y rendre : une abominable foule semblait suivre sa direction. Une fois arrivé devant l'entrée du gigantesque temple destiné au seigneur Alarin, il resta au milieu de foule et regarda au dessus de lui. En effet, s'il s'agissait bien de ce qu'il pensait, l'orateur préférerait parler en hauteur de façon à paraître plus convaincant et puis cela vient toujours ajouter une petite touche de...divin.

Par pure curiosité, le Chapelier engagea la conversation avec une femme qui se trouvait à côté en lui demandant ce qu'elle pensait du message qui l'avait conduite jusqu'ici. Cette dernière lui répondit qu'elle était persuadée que cela était l'oeuvre du seigneur Alarin et que ce rassemblement s'affichait comme le début de la suprématie des ombres. Alors que le Chapelier s'apprêtait à lui dévoiler sa pensée, elle s'écria telle une groupie :

« Regardez, c'est luiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !! »

Les yeux du Chapelier furent guidés par le doigt de la femme. Une silhouette se dessina sur le rebord du toit, un minuscule rebord qui ne permettait pas à n'importe qui de rester en équilibre.
Le Chapelier préféra ne pas briser le mythe de la jeune femme...
L'entrée était sobre mais réussie, dans le sens où elle avait fait son effet : la foule semblait émerveillée devant un tel équilibre. Même si la distance ne lui permettait pas d'en être totalement sur, le Chapelier pensait qu'il s'agissait d'un homme ; sa voix allait, de toute façon, le lui confirmer.

« Habitants de Sanctis! Enfants d'Alarin! »

La voix était en effet celle d'un homme.
Après ces quelques mots, le silence se fit : tous étaient impatients d'écouter ce qu'il avait à leur dire. Le silence régnait, le Chapelier profita de ces quelques instants pour regarder l'homme qui se tenait sur le toit. Il ne semblait pas être bien grand, ses cheveux d'ébène valsaient au grès du vent. La distance ne lui permettait pas de distinguer autre chose.

* Arrêtons d'être aussi négatif, écoutons plutôt ce qu'il a à nous dire. Avec un peu de chance, nous ne nous sommes pas déplacés pour rien...*

Prêtre

Alrune avait déambulé dans les couloirs repensant aux derniers évènements qu'il avait vécu. Il avait rencontré le Père des Ombres en personne, ce dernier l'avait touché et ses lèvres s'étaient déposées sur son front. Il rougi légèrement.

Il sortit de ses pensées lorsqu'il eu atteint le Hall d'entrée du Temple, les portes étaient étrangement closes et derrière celles-ci, un bourdonnement se faisait entendre, comme si une foule entière s'y tenait.

Le prêtre ouvrit les deux lourdes portes, il fut assez surprit de voir autant de personnes rassemblées devant le Temple, que pouvait-il bien y avoir de si important? Pire encore, pourquoi diable personne ne l'avait prévenu? La réponse à ses questions lui fut apportée par une légère brise qui placarda une affiche sur son visage.

*Alarin a de bien drôles de manières de prévenir ses fidèles*

D'un geste délicat, il la retira de son visage afin d'en lire le contenu:

"Lorsque le soleil atteindra le Zénith, vous êtes invités à vous rendre sur la place devant le Temple. Car aujourd'hui est un grand jour, aujourd'hui, le peuple de Sanctis va renaître de ses cendres et émerger à nouveau dans toute sa splendeur."

*Ô, intéressant. Cela explique donc pourquoi une si grande foule est réunie ici. Je me demande bien qui cela peut-être...*

Au même moment, une voix s'éleva, claire et distincte:

"Habitants de Sanctis! Enfants d'Alarin!"

D'où pouvait elle bien venir? Alrune ne voyait personne parler dans la foule, étrangement celle-ci semblait regarder...vers le ciel.

Le prêtre leva la tête afin de voir si son interlocuteur se trouvait sur le toit du Temple et son regard se posa sur... le dessous de la voûte. Il aurait pu se déplacer, mais il ne bougea pas, restant au milieu de l'entrée, attendant simplement que celui qui avait pris la parole expose ses idées.

Musicien

« Que se passe t-il ? »

Alors que Keraël déambulait dans les rues de Sanctis, il avait une étrange sensation de vide absolu. En effet, il était le seul à parcourir les différentes allées de la Magnifique, alors qu’il s’agissait pourtant d’une heure de pointe. Même les commerçants avaient déserté le marché.

« Y a quelqu’un ? »

Keraël tendit l’oreille, en attente d’une réponse qui lui démontrerait qu’il n’était pas fou. Pour seule réponse, il sentit le vent frais lui claquer le visage. Trop émotif, Keraël commença à paniquer, ne comprenant pas ce qu’il pouvait se passer. Il se passa les mains sur le visage, et la panique commença à s’emparer du jeune ombre. Ses jambes flanchèrent sous le poids de la peur, et l’ombre s’écroula sur les genoux.

« Est-ce qu’il y a quelqu’un ? »

Keraël avait amplifié sa voix de façon à ce qu’elle résonne dans toute la ville. Cette fois-ci, il eut pour réponse autre chose que le vent. Un oiseau qui passait tranquillement tomba en plein vol. La voix trop puissante du jeune ombre avait eut raison de la pauvre bestiole. Keraël s’approcha du défunt oiseau, et le regarda longuement, comme si il pourrait lui indiquer le chemin à suivre.

« Tu sais où ils sont, n’est-ce pas ? »

Vous vous douterez qu’un oiseau mort n’était pas ce que le monde connaît de plus bavard. Sous l’effet de la colère, Keraël abattit violemment son pied sur le cadavre de l’oiseau, éparpillant ainsi le sang de l’animal dans un petit périmètre.
Soudainement, le jeune ombre eut l’idée qui allait lui sauver la mise. Plutôt que d’amplifier sa voix afin que quelqu’un l’entende, il allait amplifier tous les bruits ambiants afin que lui entende les autres. Keraël se concentra, et alors le moindre bruit du vent faisant rouler quelques feuilles devenait plus audible que le plus puissant des hululements. Des voix parvinrent alors à l’oreille de Keraël.

« Trouvé ! »

Keraël rendit leur puissance naturelle à tous les sons autres que le brouhaha résonnant plus loin, dans Sanctis. Le jeune ombre suivit les voix, afin d’arriver jusqu’au temple dédié à Alarin. Sur le toit du temple trônait un homme. Le soleil se situant derrière lui, Keraël se demanda tout d’abord si il ne s’agissait pas de leur Père à tous.

« Habitants de Sanctis ! Enfants d'Alarin ! »

Qui pouvait-il bien être. Piqué par la curiosité de cet avatar siégeant sur le toit du temple, Keraël s’approcha du premier homme qu’il voyait. Ce dernier portait une ombrelle faite de plume, et était vêtu d’un long manteau noir. Cet homme avait aussi jugé préférable de porter un chapeau.

* Quel étrange personnage... Quel intérêt de porter et un chapeau, et une ombrelle ? *

Keraël secoua vivement la tête, avant de tapoter sur l’épaule gauche de l’ombre vêtu de façon si singulière. Keraël se sentit mal de déranger quelqu’un pour une question si idiote, et il sentit bien vite ses joues s’enflammaient de honte.

« Exc.. usez-moi. Que se passez t-il ici ? »

Prestidigitateur

« Habitants de Sanctis! Enfants d'Alarin! »

… Le reste mettait du temps à arriver, Le Chapelier commençait d'ailleurs à s'impatienter. Sachant que si l'équilibriste s'avérait être un illuminé, il ne serait pas le seul à l'ouvrir haut et fort. Peut être même qu'il ne l'ouvrirait pas, pensant que cet énergumène n'en voudrait peut être même pas la peine. Probablement, il s'amuserait avec son esprit en lui envoyant quelques images dérangeantes histoire de faire passer sa rage.
Le Chapelier intercepta quelques paroles de la jeune femme qui se trouvait à ses côtés.

« N'est il pas charmant ? Regardez les rayons du soleil donnent à sa chevelure de beaux reflets bleutés. »

La jeune femme porta ses mains sur son coeur et regardait le Chapelier dans les yeux. Son regard trahissait ses sentiments... Elle attendait une réponde de sa part et n'allait pas être déçue.
Faisant preuve d'une grande délicatesse le Chapelier enchaina :

« Etes vous niaise au point de penser qu'Alarin en personne puisse venir nous prévenir de cette façon ?! Réfléchissez un tant soit peu, cela n'est pas digne de notre seigneur ! »

A ces mots la jeune femme, n'osant rien répondre, se tut et devint écarlate.
Soudainement, l'on vint tapoter l'épaule gauche du Chapelier.

* Et bien certains ne redoutent pas la mort ici *

C'est alors qu'une petite voix légèrement bégayante se fit entendre :

« Exc...usez-moi. Que se passe-t-il ici ? »

Le Chapelier se retourna en offrant un regard froid, malgré la teinte dorée de ses deux yeux, à la personne qui l'avait dérangé. Il s'agissait d'une jeune ombre, âgée au maximum de 50 ans, masculine, nantie d'une magnifique chevelure gris clair et d'une paire d'yeux couleur améthyste. Cette couleur était d'ailleurs celle d'une fleur baptisée par le Chapelier « Rose Améthyste », dont Babiel avait le secret et qui venait merveilleusement fleurir son jardin. Au fur et à mesure que le Chapelier examinait le jeune homme, son regard s'éclaircissait et puis le teint écarlate qu'avait pris le visage de l'enfant montrait qu'il n'avait pas de mauvaise intention.

* La naïveté de la jeunesse *pensa t'il.

La couleur de son visage avoisinait celle des cheveux du Chapelier.

« Et bien, sommes nous aussi impressionnant que cela ? » dit il en esquissant un sourire.

Si le jeune homme rougissait rien qu'en regardant le Chapelier, qu'elle allait être sa réaction lorsqu'il s'apercevra qu'il pouvait s'infiltrer dans son esprit ?

« Laissez nous vous montrer pourquoi a lieu un tel rassemblement »

Le Chapelier envoya une image dans le tête de l'ombre qui se tenait devant lui. Les murs de Sanctis étaient placardés d'affiches sur lesquelles on pouvait lire :

"Le Père ne nous a pas oubliés.
Le Père veille encore sur nous.

Vous qui avez la foi,
Vous qui l'avez perdue,
Vous qui ne l'avez peut-être jamais eue,
Venez! Tout vous sera pardonné dans la bonté du Père. Car il a encore une tâche à confier à ses Enfants.

Lorsque le soleil atteindra le Zénith, vous êtes invités à vous rendre sur la place devant le Temple. Car aujourd'hui est un grand jour, aujourd'hui, le peuple de Sanctis va renaître de ses cendres et émerger à nouveau dans toute sa splendeur.

Que la Paix d'Alarin vous accompagne tous et toutes."

Puis l'illusion s'estompa, laissant à l'ombre la triste perception de la réalité.

Gentleman Cambrioleur

Anàrion fut, à son plus grand déplaisir, réveiller par la voix de son père qui tonna probablement dans toute la maisonnée, faisant sursauter probablement toutes les autres personnes vivant sous ce toit.

Voronë · Que toute la famille soit prête d'ici une heure! Nous avons rendez-vous sur la place de l'église.

Tout le reste de la famille s'éveilla docilement, répondant à l'ordre du chef de la famille sauf Anàrion qui se rendormit à la seconde où son père s'était tu. Résultat, le garçon manqua logiquement à l'appel lorsque l'heure de préparation donnée par Voronë toucha à sa fin et ce fut d'une manière tout aussi logique que ce dernier monta au premier étage pour tirer son fainéant de fils de son lit.
Inutile de préciser qu'Anàrion fut d'une humeur exécrable après avoir été réveillé d'une telle façon. Il passa tout le temps où il se vêtit à ronchonner ainsi qu'à crier sur ses domestiques qui pourtant n'avaient rien fait pour lui déplaire. Ayant caressé l'idée de prolonger inutilement son temps d'habillage, Anàrion se ravisa très vite lorsque son paternel vint le tenir à l'oeil. Le second fils Narmacil n'était pas fou au point de mettre volontaire un général de l'armée des Ombres en colère, plus encore lorsqu'il s'agissait de son père et qu'il était parfaitement conscient des risques qu'il encourait s'il tentait une quelconque provocation devant lui...

La famille fut finalement réunie au bout d'une heure et demie après que le chef de famille avait réveillé ses membres avec sa voix de stentor. Tous plus élégamment habillé les uns que les autres, Vonroë passa une dernière fois en revue sa famille, en bon général qu'il était avant de leur expliqua la raison de ce réveil quelque peu brutal:

Voronë · L'un des domestiques envoyé au marché ce matin, m'a rapporté ceci... C'est une affiche publié par le Temple qui ordonne à toute Ombre de se rendre au rendez-vous, sur la place de l'église lorsque le soleil sera au plus haut dans le ciel.

Anàrion jeta un coup d'œil rapide au contenu exact du papier que son père tenait entre les mains. Puis finalement, il leva les yeux vers son paternel et précisa une chose:

Anàrion · Il est marqué que chaque Ombre est «invitée» à se rendre sur la place. Invité... ça veut dire qu'on est pas obligé de s'y rendre si l'on en n'a pas envie.

Voronë · Je suis le chef de cette famille Anàrion et si je décide que tout le monde doit s'y rendre, tout le monde s'y rendra que ça lui plaise ou non!

Anàrion · Si tel est votre désir Père...

Le garçon savait quand il devait se faire petit et à ce moment, sous les gros yeux du chef des Narmacil, Anàrion se rétracta en bon fils qu'il était ou du moins, qu'il affectait d'être mais en son for intérieur, l'Ombre n'en pensait pas moins.
Sur cette discussion, la famille sortit de sa demeure sous la direction de Voronë. Chacun connaissait sa place dans la file, à force de s'être entraîné dans les jardins de la maison. Les époux ouvraient la marche, la tête haute. A la gauche du père, marchait l'aîné des Narmacil, Aranwë suivi par Arthaër pendant que la fille unique de la famille se tenait à la droite de sa mère, secondée par Anàrion. Malgré le fait qu'il n'était pas le dernier de la famille, honneur qui revenait à Arthaër, Anàrion fut relégué tout au bout de la file car il n'avait aucun grade dans l'armée. Le garçon se révélait très peu fait pour les combats du fait de son faible constitution et le père de famille fut bien obligé de se résoudre au fait que son second fils n'irait pas courir les champs de bataille à la gloire de leur Dieu.

Cependant, cela ne gênait pas plus que cela le jeune Anàrion. De toute manière, lorsque la famille au complet paradait dans les rues comme c'était le cas aujourd'hui, il était souvent pris pour le cadet à cause de sa petite taille. Arthaër le dépassait déjà d'une bonne tête malgré qu'il fut trois ans plus jeune que son frère. Mais même s'il était pris pour le dernier de la famille, il n'en restait pas moins le plus remarqué, ne lui en déplaisait. En effet, de tous les membres des Narmacil, Anàrion était surement celui qui possédait la plus grande présence, à tel point qu'il lui arrivait d'éclipser celle des propres membres de sa famille lorsqu'ils se tenaient côte à côte.

La famille finit par arriver sur la place du Temple, qui était déjà remplie de monde, pour la plupart curieux de savoir quelle pouvait être la si grande nouvelle qui redresserait le cas peu glorieux des Ombres.

Ombre · Hey, regardez! Voilà le général Voronë Narmacil et sa famille.

L'entrée en scène de la famille d'Anàrion fut très remarquée, pour le plus grand plaisir du garçon. La masse se fendit devant la famille, leur laissant le passage jusqu'au devant du temple. Pour sa part, Anàrion se sentait tout aussi bien de l'autre côté de la masse populaire, sinon mieux. Etre au premier rang était certes une chose qu'il appréciait énormément mais pour des cas comme celui-ci, le garçon se serait tout aussi contenté d'être placé tout au bout du Temple. Et maintenant, il n'avait plus qu'à attendre, comme toutes les personnes présentes sur les lieux, que quelque chose se passe et, il l'espérait, qu'elle soit assez intéressante pour valoir le déplacement.

* Et dire que j'aurai pu être dans mon lit... Fichus prêtres! *

??? · Habitants de Sanctis! Enfants d'Alarin!

Comme pratiquement tout le monde présent sur cette place, Anàrion leva les yeux vers les toits du temple d'où semblait provenir la voix. Il y observa un jeune homme qui se tenait debout sur le rebord du toit. Ce dernier devait être très sûr de son équilibre car au moindre faux mouvement, il risquait de se retrouver à plusieurs dizaines de mètres plus bas, plus plat que jamais.
Cependant, même si une bonne partie de la foule était impressionnée par cet homme, ce spectacle n'avait pas effacé la mauvaise humeur d'Anàrion et ce dernier ne put s'empêcher de ronchonner à haute voix, audible par les personnes présentes tout autour de lui, y compris sa famille:

Anàrion · Et c'est pour cet énergumène qu'on a été obligé de se déplacer ?! Non mais je rêve...

Bien évidemment, le père d'Anàrion avait entendu son fils manquer de respect à cette personne qui semblait être liée avec les prêtres d'Alarin et donc, d'Alarin lui-même. Une fois de plus, son fils venait de se faire remarquer et il était certain que Voronë ne laisserait pas passer cet affront qu'il venait de lui faire en public.

Architecte

[Désolée pour le temps de réponse, avec mes examens, je n'ai pas vraiment eu le loisir de penser à mes réponses ^^"]

Aël regardait la foule. Son éclat de voix avait attiré les regards... Parfait, parfait. Il pouvait presque lire l'adoration dans les yeux de certaines personnes, comme celle d'une dame à côté d'un homme portant une ombrelle - facilement repérable dans la foule grâce à cela. L'adoration allait l'aider... Mais ce n'était pas ce qu'il voulait vraiment. Non, il ne voulait pas que les gens l'adorent... Il voulait que les gens le croient.

Aussi, après avoir laissé le temps à la foule de se calmer et de prêter une oreille attentive à ses propos, il poursuivit, mais plus doucement, presque comme s'il faisait une confidence à chacune des personnes présentes.

- Cela ne vous révolte-t-il pas que nous, Ombres descendant directement du Père, devions nous terrer dans notre capitale comme des lapins par peur de ces barbares de Polymorphes?

Aël s'interrompit quelques secondes, puis reprit, plus fort.

- Cela ne vous révolte-t-il pas que cette guérilla contre ceux-ci dure depuis des années, sans que nous puissions prendre l'avantage?

Aël avait dû bien capter leur attention, maintenant... Il s'avança encore sur le toit, écartant légèrement les bras pour "garder son équilibre" - même s'il n'en avait pas besoin - il semblait sur le point de tomber à tout instant... Mais il contrôlait, encore. Ses pieds étaient solidement rivés à l'arête du muret... Il ne tomberait pas.

- Il est temps d'agir, poursuivit-il, presque dans un murmure, mais murmure audible par chacune des personnes présentes. Il reprit ensuite, plus fort. Il est temps que nous sortions de nos murs, et que nous bâtissions la gloire du peuple d'Alarin, sans se reposer uniquement sur nos esclaves!

Ce discours suffirait à insinuer le doute dans l'esprit des fidèles réunis devant le Temple... Mais beaucoup ne le croiraient pas, persuadés qu'il n'était qu'un charlatan parmi tant d'autres, malgré l'aide évidente fournie par les prêtres - sinon, comment se serait-il rendu sur le toit du Temple?

*Père, j'aurai bientôt besoin de votre aide...*

Prêtre

Le prêtre avait rabaissé sa tête, afin de jeter un œil à la foule, de la où il se trouvait, lil disposait d'une vue d'ensemble sur toute la place, la foule se faisant de plus en plus dense. Les retardataires se joignaient à celle-ci, certains détails attirèrent l'attention, comme par exemple un grand-homme tenant une ombrelle ou encore une famille de noble se croyant toute permise.

Alrune passa la main dans ses cheveux, il avait hâte d'entendre ce qu'avait à dire le parfait inconnu qui selon toute évidence se trouvait au-dessus du temple, son souhait fut exaucé.

Joli discourt, il fallait le reconnaitre, mais... c'est un discourt récurent à l'intérieur Sanctis et nombreux sont les illuminés ayant été enfermés pour blasphèmes. Mais le fait qu'il trône au dessus du temple le perturbait, peut-être était-ce là, la personne chargée par le Père des Ombres de sortir le peuple de la déchéance?

*Qui sait? Peut-être est-ce la un fou qui risque de tomber entre ses griffes.*

N'ayant toujours pas vu le visage de la personne qui parlait, le prêtre n'était sûr de rien, il allait donc se contenter d'attendre la fin de son monologue afin de le voir et de lui parler de vive voix.

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