Entrevue...

Géneral

Sokaris et Mörn avaient marché longuement à travers les divers couloirs pour quitter l'Arène, puis à travers quelques rues, la tension était palpable et les deux protagonistes ne s'étaient plus adressé la parole depuis qu'ils avaient quitté la loge.

Ils arrivèrent enfin devant un immense bâtiment, fait de granit et d'autres matériaux encore plus solides, cette véritable forteresse n'était autre que l'endroit au logeaient les gradés de l'armée des polymorphes. Deux lourdes portes en chêne massif, gardée par quatre soldat bloquaient l'accès à l'intérieur aux personnes non-autorisées.

Lorsque le Général arriva, les gardes s'inclinèrent légèrement et ouvrirent la porte sans poser de questions, mais tout en jetant un coup d'œil furtif à celui qui l'accompagnait.

Ils débouchèrent sur une immense salle, le Hall des Officiers, c'était ici que les soldats venaient se restaurer et passer un bon moment entre-eux autour d'un verre d'alcool ou d'une bière. Le Général détestait cet endroit, trop bruyant et d'un intérêt limité pour lui.

Au passage de ce dernier, les bruits cessèrent, laissant place à un silence des plus étranges. Il n'était pas rare de voir le Général, mais il l'était cependant beaucoup plus de le voir accompagné de quelqu'un, qui plus est n'avait pas l'air d'être un esclave. Lorsque l'effet de surprise fut passé, la vie reprit son cours normal.

La salle était garnies de nombreuses portes, donnant toutes sur une aile différente. Sokaris se dirigea vers une lourde porte en chêne elle aussi, le garde lui ouvrit et les laissa passer. Ce schéma se répéta de nombreuses fois, afin d'atteindre les appartements du Général, qui étaient les plus reculés de l'édifice, afin que celui-ci ne soit pas dérangé par le bruit du Hall.

Ils arrivèrent enfin devant une porte sur laquelle était inscrit "Général Akrish Sokaris." Ce dernier la poussa légèrement, puis invita Mörn à en faire de même, ensuite il se dirigea vers une pièce, elle était assez spacieuse, recouverte de moquette comme tout le reste des appartements du Général. De nombreuses peintures étaient accrochés au murs, et une large bibliothèque était encastrée dans l'un d'eux. D'immenses fenêtres s'élevaient du sol jusqu'au plafond, garnies de longue tentures mauves en soie qui laissant pénétrer une lumière légèrement tamisée. Il faisait calme et une légère odeur de jasmin flottait dans l'air.

Sokaris enleva son manteau et ses gants, qu'il déposa sur une petite table. Il s'assit dans un des nombreux fauteuils présent dans la pièce en soufflant légèrement. Il frappa dans ses mains et une domestique arriva, elle tenait un plateau sur lequel était déposé une théière et plusieurs tasses, elle lui en servit une, puis resta à coté du Général, un peu en retrait, attendant de nouvelles directives.

Sokaris s'adressa enfin à Mörn

"Assied-toi je t'en prie. J'aimerais en savoir plus sur ce que tu as fait pendant ces six dernières années, tu m'as dit t'être entrainé, mais c'est un mot assez vaste. Mais avant tout, désire-tu quelque chose pour te restaurer?"

Chasseur

[Venant de l'Arène]

Mörn suivait Sokaris en silence, observant le trajet qu'ils suivaient pour s'en souvenir, juste au cas où il en aurait besoin un jour pour retrouver Sokaris.
Le bâtiment dans lequel le général l'emmenait semblait plutôt bien gardé. Mais les soldats gardant l'entrée les laissèrent passer en s'inclinant devant eux. Enfin, devant le général. Ils arrivèrent dans une salle remplie de soldats. Ceux-ci buvaient, riaient et parlaient à tout va jusqu'à ce qu'ils voient Sokaris et Mörn passer. Mörn sentait et voyait les regards posé sur lui mais il n'y prêtait guère attention. Il continua son chemin avec son accompagnateur pendant que la vie reprenait son cours habituel dans la salle.

Les deux polymorphes traversèrent plusieurs couloirs avant d'avant d'enfin arriver dans ce qui semblait être les quartiers de Sokaris. Mörn rentra à la suite du général, la pièce dans laquelle ils se trouvaient était décorés de tableaux et une bibliothèque se trouvaient dans un des murs. Mörn appréciait tout particulièrement l'odeur qui régnait dans la pièce (du jasmin s'il ne se trompait pas).

Sokaris appela une femme qui vint lui apporter à boire. Sur le plateau qu'elle portait se trouvaient plusieurs verres. Il demanderait sans doute à boire un peu plus tard.

"Assied-toi je t'en prie. J'aimerais en savoir plus sur ce que tu as fait pendant ces six dernières années, tu m'as dit t'être entrainé, mais c'est un mot assez vaste. Mais avant tout, désire-tu quelque chose pour te restaurer?"

Mörn suivit la recommandation de Sokaris et s'assit en face de lui. Il désirait savoir ce qu'il avait fait pendant ces six dernières années... Mörn avait autre chose à demander à Sokaris, mais par respect, il se pouvait de répondre à sa demande.

"J'ai voyagé dans les territoires des polymorphes. Vivre en solitaire m'a permis de pouvoir me débrouiller seul, que ce soit pour me nourrir, trouver un endroit pour dormir, me protéger ou tout autre chose. En un mot, j'ai appris à survivre. J'ai eu un peu de mal au début, mais c'est vite passé. Mais je me suis principalement battu. Les créatures de Denehbe ne sont pas si rares que ça sur nos territoires. Et certaines ont une nature agressive, et je devais bien me défendre. Mais j'évitais de les tuer quand c'était possible. Sauf si j'avais besoin de nourriture. Sinon... " Mörn baissa la tête, semblant être perdu dans ses pensées, mais il la releva bien vite "Je prendrais bien un peu de thé à la menthe. C'est ce que tu es en train de boire n'est-ce pas ? Je sens l'odeur jusqu'ici..."
Il sourit à Sokaris et à la femme qui se trouvait juste derrière lui. Il se demandait si Sokaris avait encore quelque chose à lui demander car il voulait éviter de perdre du temps en discution "inutile" pour l'instant.

Géneral

Il avait hâte de savoir ce que Mörn avait fait ces six dernières années, mais plus il l'écoutait, plus son cœur s'emballait, son esprit imaginait les situations que cet enfant avait du vivre, le danger auquel celui-ci s'était exposé. Lorsqu'il eu finit son explication, Mörn demanda une tasse de thé.

La domestique n'attendit pas les ordres du Général et le servi immédiatement, le prévenant que le liquide était chaud et qu'il fasse attention à ne pas se brûler, avant de revenir en retrait de Sokaris.

Ce dernier porta la tasse à ses lèvres tout en fermant les yeux afin d'en apprécier le contenu, la menthe sauvage avait un goût fort prononcé mais c'était une des seules choses qui relaxait le Général. Lorsqu'il eu fini, il les réouvris tout en déposant la tasse sur une soucoupe.

"Bien, je crois qu'il est temps de parler de la raison de ta venue. Tu souhaites donc retourner chez les Ombres afin de retrouver ton jumeau, n'est-ce pas?. Il serait stupide de ma part de tenter de t'en dissuader, même si toute mon âme hurle de le faire, tu t'enfuirais à nouveau et seule la Grande Denhebe connait les monstruosités qui peuple ce monde."

Le Général marqua une légère pause, puis continua:

"La Demoiselle que tu as vu tout à l'heure, Dame Faerlina m'a appris que les Ombres manigancent quelque chose dans les Terres Brûlées. L'armée ne peut ignorer cela, je vais donc m'y rendre, même si je connais déjà la réponse, souhaite-tu te joindre à nous?"

Chasseur

Mörn remercia poliment la domestique, un sourire aux lèvres. La jeune femme sembla ne pas y prêter attention, mais Mörn remarqua un très léger tressaillement sur son visage. Mörn ne tira bien évidemment aucune conclusion hâtive de cette observation, mais il l'observa pendant qu'elle revenait à sa place derrière Sokaris juste quand ce dernier commença à parler.

"Bien, je crois qu'il est temps de parler de la raison de ta venue. Tu souhaites donc retourner chez les Ombres afin de retrouver ton jumeau, n'est-ce pas?. Il serait stupide de ma part de tenter de t'en dissuader, même si toute mon âme hurle de le faire, tu t'enfuirais à nouveau et seule la Grande Denhebe connait les monstruosités qui peuple ce monde."

Mörn affirma d'un signe de la tête ce que Sokaris disait, même s'il n'était pas d'accord avec sa dernière phrase. Certains êtres autre que Denehbe devaient bien connaitre les créatures qui peuplaient leur monde. Même s'il était sûr que leur Déesse était la mieux placée pour cela...

"La Demoiselle que tu as vu tout à l'heure, Dame Faerlina m'a appris que les Ombres manigancent quelque chose dans les Terres Brûlées. L'armée ne peut ignorer cela, je vais donc m'y rendre, même si je connais déjà la réponse, souhaites-tu te joindre à nous?"

Mörn se fichait totalement du nom de cette femme, mais les derniers mots du général résonnaient encore dans sa tête « souhaites-tu te joindre à nous ? ». Il ne pouvait refuser cette offre, c'était exactement ce qu'il désirait ! Enfin, presque... Connaissant Sokaris, il n'hésiterait pas à envoyer quelques régiments sur le front pour régler le « quelque chose » au plus vite. Et autant de soldats ne passeraient jamais inaperçus. Ce que Mörn désirait, c'était un petit contingent pour l'accompagner. De plus, autant de personnes le mettraient mal à l'aise... Il fallait qu'il en discute avec Sokaris, il devait tourner cette situation, cette offre, à son avantage. Il bu une longue gorgée de thé avant de lui répondre

"Bien sûr que j'accepte, mon ami... ! Mais que penses-tu faire exactement Sokaris ? Envoyer tout tes soldats sur le front pour écraser l'ennemi ?"
Mörn ne le laissa pas répondre à sa « question ».
"Si c'est ce que tu comptes faire, saches que c'est une très mauvaise idée. Le mieux serait d'envoyer un groupe d'unité d'élites qui pourraient se dissimuler et observer ce qui se trame exactement. Nous pourrons tuer les ombres par après. Mais je pense qu'il est important de découvrir ce que ces êtres font exactement... "

Mörn but une autre gorgée de thé avant de finir de dire ce qu'il avait à dire.

"Bien sûr, je suis sûr que le général que tu es y avais pensé. Tu n'es pas assez idiot que pour lancer inconsciemment tes hommes dans ce qui pourrait être un piège... n'est-ce pas ?"

Mörn regarda le général droit dans les yeux, sans sourire, sans trahir une émotion. Son visage était impassible. Ce qu'il voulait c'était que Sokaris croie que cette idée vienne de lui et non de quelqu'un d'autre. Les gens aimaient souvent se croire à la base de grandes idées, mais Mörn se désintéressait de cela, il voulait juste aller chez les ombres en comité réduit mais assez puissant...
Il finit sa tasse de thé et demanda à la servante d'un signe discret si elle voulait bien le resservir. Ce thé était vraiment excellent...

Géneral

"Bien sûr que j'accepte, mon ami... ! Mais que penses-tu faire exactement Sokaris ? Envoyer tout tes soldats sur le front pour écraser l'ennemi ?"

Le Général se sentait soulagé, Mörn avait accepté sa proposition. Il allait pouvoir garder un œil sur lui tout au long de ce périple. Il entrouvrit les lèvres afin de donner sa réponse, mais le jeune homme ne lui en laissa pas le temps.

"Si c'est ce que tu comptes faire, saches que c'est une très mauvaise idée. Le mieux serait d'envoyer un groupe d'unité d'élites qui pourraient se dissimuler et observer ce qui se trame exactement. Nous pourrons tuer les ombres par après. Mais je pense qu'il est important de découvrir ce que ces êtres font exactement... "

Décidément, ses manières de faire étaient si connues que ça? Mais Mörn n'avait pas tout à fait tord, rien ne garantissait que les ombres étaient bien sur place et si cela s'avérait exacte, leurs projets étaient totalement inconnu. Faire déplacé plusieurs régiments pour pas grande chose lui attirerait les foudres du Clergé, et cela affaiblirait la capitale.

"Bien sûr, je suis sûr que le général que tu es y avais pensé. Tu n'es pas assez idiot que pour lancer inconsciemment tes hommes dans ce qui pourrait être un piège... n'est-ce pas ?"

Mörn avait de la chance d'être un protégé du Général, personne ne se serait permis de lui faire une telle remarque sous peine de finir dévorer par les deux molloses, mais aucun signe d'ironie n'était visible sur le visage du jeune garçon, Sokaris saisi donc la perche pour se rattraper.

"Pour qui me prends-tu? Je sais que j'ai des manières assez expéditives, mais quand même. Surtout que depuis quelques temps, la rumeur circule qu'une inquisitrice zélée serait à la tête de Sanctis et si cela s'avère exacte, pour l'avoir rencontrée sur un champ de bataille, elle est extrêmement dangereuse."

Sokaris marqua une légère pause:

"Non, nous nous rendrons sur place avec quelques soldats afin de constater ce qu'il en est vraiment. Mais je te préviens, cela sera très périlleux."

Chasseur

"Pour qui me prends-tu? Je sais que j'ai des manières assez expéditives, mais quand même. Surtout que depuis quelques temps, la rumeur circule qu'une inquisitrice zélée serait à la tête de Sanctis et si cela s'avère exacte, pour l'avoir rencontrée sur un champ de bataille, elle est extrêmement dangereuse.
Non, nous nous rendrons sur place avec quelques soldats afin de constater ce qu'il en est vraiment. Mais je te préviens, cela sera très périlleux."

Le visage toujours impassible, Mörn jubilait intérieurement. Non seulement il allait se rendre chez les ombres et chercher son frère, mais en plus de cela, tout se passait extrêmement bien. Ils iraient là bas en comité réduits, ce qui l'arrangeait au plus au point. Et puis Sokaris avait eu l'intelligence de se saisir de la perche qu'il lui tendait... Mörn n'avait pu espérer mieux.

"Bien Sokaris. C'est vraiment une idée judicieuse que tu as là. Et en ce qui concerne le danger, il ne me dérange pas. Je commence à en avoir l'habitude, tu sais... Mais en ce qui concerne les soldats que nous prendrons avec nous, il faudrait qu'ils aient un certain talent dans la discrétion. Il nous faudra éviter d'être repérer. Plus nous resterons invisible à leurs yeux et inaudibles à leurs oreilles, plus nous apprendrons de choses intéressantes."

Mörn ne pensait pas vraiment à ce qui se tramait aux Terres Brulées en disant cela, mais à son frère. Il espérait plus que tout qu'un ombre lui fournirait sans forcément le vouloir une information cruciale à son sujet.
Pendant que lui et Sokaris parlaient, la jeune servante lui avait rempli de nouveau sa tasse. Il la remercia d'un simple hochement de la tête avant de boire un peu de son thé. La boisson calma lentement ses nerfs qu'il sentait chauffer à l'idée qu'il se rapprochait de son but. Il retrouverait bientôt son frère, et ça n'avait pas de prix.
Il ferma les yeux quelques instants avant de continuer son discours sur ce qui allait devoir se faire.

"Les soldats qui nous suivront devront être trié sur le volet. Pas seulement sur leurs talents de « polymorphes invisibles », comme je l'ai déjà dit, mais aussi sur leur puissance, leur vivacité d'esprit et leur intelligence. Ils devront être capable d'agir sans être obligé de suivre un de tes ordres mais doivent être fidèle. Je te le dis déjà, j'abattrai tout ceux qui essaieront de se défiler une fois qu'ils auront acceptés de nous rejoindre... Bien sûr, je les préviendrais avant... Mais je pense que tu es d'accord avec moi quand je dis que je ne veux pas être « abandonné » au plus mauvais moment.
Bien sûr c'est à toi de choisir ces hommes. Je les ne connais pas et je ne me permettrais pas de les juger sur une voire même une demi-douzaine d'épreuves. Mais je te fais confiance, Sokaris. Cette mission est très importante, il ne faut pas que tu l'oublies. Nous devons savoir ce que les ombres trament."

Le ton de sa voix était catégorique, indiscutable. Ses conditions étaient et seraient. Et Sokaris ferait avec, Mörn le savait, le général tenait trop à lui que pour prendre des risques inutiles.
Le jeune polymorphe but une longue gorgée de son thé. Il s'emportait. Trop. Son frère occupait toute sa tête, tout son corps, tout son esprit, toute son âme... Il ne pouvait plus penser à autre chose qu'à lui... Il fallait qu'il se repose. Il fallait qu'il le replace dans un coin de sa tête. Du moins pour le moment...

Géneral

"Bien Sokaris. C'est vraiment une idée judicieuse que tu as là. Et en ce qui concerne le danger, il ne me dérange pas. Je commence à en avoir l'habitude, tu sais... Mais en ce qui concerne les soldats que nous prendrons avec nous, il faudrait qu'ils aient un certain talent dans la discrétion. Il nous faudra éviter d'être repérer. Plus nous resterons invisible à leurs yeux et inaudibles à leurs oreilles, plus nous apprendrons de choses intéressantes."

La demande était clair et le ton employé signifait que c'était ça, ou rien.

"Les soldats qui nous suivront devront être trié sur le volet. Pas seulement sur leurs talents de « polymorphes invisibles », comme je l'ai déjà dit, mais aussi sur leur puissance, leur vivacité d'esprit et leur intelligence. Ils devront être capable d'agir sans être obligé de suivre un de tes ordres mais doivent être fidèle. Je te le dis déjà, j'abattrai tout ceux qui essaieront de se défiler une fois qu'ils auront acceptés de nous rejoindre... Bien sûr, je les préviendrais avant... Mais je pense que tu es d'accord avec moi quand je dis que je ne veux pas être « abandonné » au plus mauvais moment.
Bien sûr c'est à toi de choisir ces hommes. Je les ne connais pas et je ne me permettrais pas de les juger sur une voire même une demi-douzaine d'épreuves. Mais je te fais confiance, Sokaris. Cette mission est très importante, il ne faut pas que tu l'oublies. Nous devons savoir ce que les ombres trament."

Le Général avait beau porter une estime sans limites à Mörn, il lui arrivait parfois de penser que le jeune polymorphe le prenait pour le premier des imbéciles. Il était Général bon sang, il n'était pas stupide. Sokaris s'énervait et cela ne passa pas inaperçu pour une personne qui le connaissait parfaitement...

L'esclave lui resservi donc une tasse de thé sans qu'il en ait fait la demande. Il se saisi de la tasse et la porta à ses lèvres, le goût prononcé de la menthe le requinqua, faisant retombé l'énervement. Il s'enfonça dans le grand divan de cuir blanc, croissant les jambes et joignant les mains. Il fixa Mörn de son regard reptillien.

"Bien, je crois que j'ai ce qu'il te faut. Ils devraient faire l'affaire."

Le sourire qui se dessinait sur ses lèvres en disait long sur l'état de jubilation interne du Général.

"Mais tu me semble bien fébrile, il serait préférable que tu te repose. Nous partirons demain dans l'après-midi."

Il se tourna ensuite vers l'esclave.

"Préparez une chambre pour Mörn, et faite leurs savoir que leur présence est requise demain matin à l'entrée de la ville."

Cette dernière s'inclina avant de se retirer. Le Général se leva de son grand fauteuil, s'approchant du jeune homme. Il s'abaissa et posa ses lèvres sur le front de Mörn.

"J'ai quelques affaires à régler. Si tu as besoin de quoi que ce soit, demande à Elyssa."

Sokaris s'éloigna et franchit la porte d'entrée, avant de la refermer, il ajouta:

"Bonne nuit."

Chasseur

Mörn regarda le contenu de sa tasse tout en réfléchissant à la discussion qu'il venait d'avoir avec Sokaris. Tout se passait exactement comme il l'avait voulu. Et, bientôt, son frère et lui seraient de nouveau réuni, c'était une certitude dans son coeur, pour son âme, tout son corps sentait cette union approchante. Fermant les yeux, Mörn porta la tasse de thé à ses lèvres sans pour autant en boire le contenu, il préférait se laisser bercer pas les effluves de la décoction à la menthe. Cette odeur, dans le calme et l'absence de monde dans la pièce ramena à lui un souvenir oublié depuis longtemps. Il se revoyait enfant, dans la salle à manger avec ses parents et son frère, tout les quatre buvant un thé à la menthe, discutant de tout et de rien, riant, tout ça autour de leur grosse table en pierre. Mörn était projeté dans ce souvenir qui lui semblait si réel et en profitait comme il fallait qu'il le fasse, en savourant chaque instant en présence de son frère...
Similaires. Ils étaient tout deux similaire, au grain de peau près, rien ne permettait de les différencier l'un de l'autre. Mörn entendait le rire de son frère comme si ce dernier se tenait près de lui, dans les quartiers de Sokaris. Pendant une fraction de seconde il voulu quitté son esprit et ce souvenir pour vérifier si son frère était bien avec lui, croyant pendant ce temps infime qu'Omehn était à ses côtés et qu'il ne l'avait jamais quitté. Bien sûr, il se rappela bien vite de la mésaventure qui lui était arrivé, ainsi qu'à son frère. Surtout à son frère... Mörn fut sortit de ses divagations et de son souvenir d'enfance par une voix douce mais faible

"Vos quartiers sont près Monseigneur, je vous y mènerai dès que vous le désirerez."

Cette voix était celle de la domestique de Sokaris. Une seconde lui suffit pour retrouver le nom, qu'il avait assez vite oublié, de la jeune femme : Elyssa. Mörn lui en voulait d'avoir gâché son souvenir de cette manière car il était rare qu'il en aie d'aussi clair. Mais qu'importe, il aurait bientôt de nouveaux souvenirs avec son jumeau, lorsqu'il sera retrouvé.
Mörn ouvrit lentement les yeux et but une gorgée du thé qu'il avait dans les main avant de parcourir du regard le visage d'Elyssa. Elle n'était pas réellement belle, mignonne tout au plus, mais elle dégageait un certain charme. Charme qui ne l'affectait absolument pas, Mörn ne s'intéressant guère à ce genre de chose. Le physique des gens ne regardait qu'eux, et peut-être aussi les gens qui s'y intéressaient. Ce qui intéressait Mörn c'était ce qu'il pourrait voir sur le visage d'Elyssa. Les émotions figuraient souvent sur le visage des gens mais il ne tirait jamais de conclusion hâtive de ce qu'il pouvait voir. De plus, il voulait garder son visage dans son esprit, dans sa mémoire. Son visage anguleux n'était marqué par aucune ride d'expression, pas même une petite. Ses yeux, d'une couleur inqualifiable se trouvant entre le bleu, le vert et le gris, étaient légèrement cernés. Sa peau mate s'accordait parfaitement avec ses cheveux châtains. Ces derniers, encadrant parfaitement le visage de la domestique, s'arrêtaient à la base de son cou. Aucun sourire n'était affiché sur son visage quant à son regard, il était posé sur ses mains jointes devant elle. Il ne la dévisageait, il l'observait tout simplement.

Mörn savoura ce qu'il restait de la délicieuse décoction qu'il avait dans les mains avant de s'adresser à la jeune femme.

"Merci, mais avant je voudrais savoir où je dois mettre ceci...", dit-il en secouant lentement la tasse"Je n'aime pas ne rien faire, je ne suis pas fait pour la vie citadine, donc si vous avez besoin d'aide, dites le moi, ça m'occupera le corps et l'esprit."
Sur ces paroles Elyssa devint rouge pivoine tout en écarquillant les yeux. Mörn la regarda en inclinant légèrement la tête sur la gauche, ses doigts tapotant sur sa cuisse. Il attendait une réponse.

"Me... On... Je, je vous remercie Monseigneur, mais je ne peux pas... vous demander de m'aider, non, non, je ne peux vraiment pas faire ça !"

La gaucherie qui venait d'affecter Elyssa fit sourire l'être impassible qu'était Mörn. Voilà longtemps qu'il n'avait pas entendu de balbutiements en réponse à un de ces dires. En même temps, il n'avait pas rencontré grand monde durant ses voyages pour que cela puisse ce produire. Mörn déposa une main qui se voulait apaisante sur l'épaule d'Elyssa.

"Voyons, ce n'est rien Elyssa. Et puis, vous ne m'avez rien demander. C'est moi-même qui vous ai proposer mon aide... Mais ce n'est rien, je pense que je vais arrêter de vous importuner et aller dans ma chambre, si vous me le permettez."

L'esclave acquiesça d'un simple signe de la tête, encore plus rouge qu'auparavant et l'emmena dans ses quartiers, à côté de ceux se Sokaris. Elyssa le laissant seul, il se permit de prendre un bain chaud pour enlevé la saleté qui recouvrait son corps. Cette sensation d'eau propre et de savon lui était devenue étrangère, mais cela lui permit d'en profiter deux fois plus. Il enfila les vêtements propres et encore chaud que l'esclave de Sokaris lui avait préparé et se coucha dans le lit, son lit pour le moment... Enfoui dans ses couvertures, il sombra bien vite dans un sommeil agité de rêves plus farfelus les uns que les autres, sauf celui avec son frère, celui-ci ne pouvait être farfelu... Non, c'était tout bonnement inconcevable. De toute manière, le chasseur devait profiter de ces faux moments privilégiés pour ne pas perdre le raison, la raison de vivre parce que c'était son jumeau sa seule et unique source d'avancement dans son existence...

Ses yeux s'ouvrirent subitement, observant tout autour de lui. Il n'était pas là... Non, il n'était pas là, mais ce rêve... Il ressemblait tellement à ce qu'il avait vécu il y a de cela plus de 20 ans. Son frère arraché à lui et lui, même adulte, ne pouvant rien faire face à cela... Il serra les poings, s'assit en tailleur sur le lit en ferma les yeux. Les sentiments déferlaient en lui, haine des ravisseurs de son frère, rage de l'impuissance dont il avait fait prendre, tristesse qu'on lui ait arraché sa moitié mais surtout, surtout le vide qui régnait en permanence en son sein depuis la séparation. Il était le seul qui croyait encore vraiment retrouver Omehn, ses propres parents ayant abandonné tout espoir il y a de cela de longues années déjà. Il était seul, même si Sokaris était à ses côtés, il était et resterait seul jusqu'à ce que son frère revienne. À partir de ce moment il serait de nouveau complet ou plutôt ils seraient de nouveaux complets, Mörn et Omehn réuni après toutes ces années de solitude... Cette pensée calma les nerfs de Mörn, qui relâcha lentement la pression de ses poings et ses yeux, décrispant tout son corps pour retrouver la paix et la sérénité qui devaient régner à côté du vide pour qu'il y ait un équilibre dans son organisme.
Ses yeux balayèrent la pièce du regard, ses anciens vêtements étaient pliés et propres au pied de son lit, il remercia intérieurement Elyssa pour cette initiative agréable. Mörn se leva et alla se poster devant la fenêtre qui donnait sur la rue. Le soleil était déjà haut dans le ciel, le jeune homme avait du dormir plusieurs heures. Mörn se dit qu'une balade en ville au soleil et à l'air frais finirait de le réveiller. Décidant qu'il était propre, tout ce qu'il avait touché et mis en contact avec sa peau étant propre, il mis ses anciens vêtements sans reprendre de bain. Jetant un dernier coup d'oeil sur la pièce, il vérifia qu'il avait tout ce qui lui appartenait avec lui et referma la porte avant de s'en aller.